L’actualité économique et politique des derniers jours est bien anxiogène (merci aussi aux organes de presse qui ne font rien pour réduire et canaliser cette tension émotive et populaire vers du bon sens) mais pour le moins saisissante. Vous avez d’un coté l’Italie, qui s’enfonce dans une crise institutionnelle majeure (ravagée par les vents du populisme et par le désespoir des gens vivant une économie qui ne fonctionne plus), et de l’autre la Turquie, dont la monnaie s’effondre (en démontrant une fois de plus que tout régime autoritaire ne peut que conduire son peuple, tenu par la Peur et la Faim, à la catastrophe économique d’abord, et sociale ensuite). ZAMAN s’ose donc à lancer quelques pistes de réflexion, en mettant en parallèle les deux situations. Après tout, les deux pays se ressemblent: Méditerranée, anciens Empires, puissance économique moyenne à l’échelle mondiale, industrie et commerces bien développés sur leurs territoires, une société essentiellement conservatrice (du fait de l’Eglise catholique d’un coté, et de l’Islam sécularisé de l’autre), Atlantistes (mais avec des nuances),… La liste des similitudes est très longue. Mais il y a quelque chose de profondément différent entre ces deux pays, qui me fait dire que l’Italie malgré tout s’en sortira, tandis que le peuple Turc a vraiment besoin de notre aide (la Turquie ne fait pas partie de l’Europe, certes, mais notre fraternité méditerranéenne nous impose de les aider). Le président de la République Italienne n’est pas une figure politique, mais agit (dans le souci que toute société humaine a de conserver ses propres institutions, ses symboles, son Histoire commune, sa Mémoire) tout simplement à défense des institutions (la Costituzione della Repubblica Italiana de 1948) et dans le souci que toute révolution, parfois nécessaire, passe néanmoins par un processus démocratique de respect des droits civiques, politiques, des minorités, du Parlement et de ses élus (organes centraux de la République parlementaire italienne). Le président de la République Turque, au contraire, et surtout après la réforme constitutionnelle approuvé en Janvier 2017 par 51% des Turcs, est au contraire une figure éminemment politique, qui en plus de ça centralise sur lui des fonctions essentielles des pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire (disons que Montesquieu, que pourtant a longuement étudié les Perses et leur culture millénaire, n’en serait pas très fier..). Contrairement au peuple Italien (qui cela dit est à bout de forces et désespéré), le peuple Turc est donc en danger: eh oui, trop de politique tue la politique (voire tue des gens aussi, et en tout cas brise des vies par milliers). Non, mes amis les Populistes : la politique n’est pas tout, et elle n’est pas partout (la politique n’est qu’un moyen, et il faut d’ailleurs savoir le maitriser, parce qu’elle devient une arme de destruction massive dans les mains de gens ignorantes et surtout pas prêtes à accepter et respecter les institutions et les principes de base de toute démocratie).

Paris, 8 Mai 2018